- RESUME
Le Mali est affecté par une crise politique, sécuritaire et humanitaire d’une ampleur et d’une complexité sans précèdent. Elle se caractérise, au niveau politico-militaire, par une dégradation progressive de la situation qui pourrait entraîner de vives tensions/violences sociales à Bamako et un possible conflit armé interne qui engagerait le vote d’une résolution du Conseil de Sécurité pour une intervention militaire « externe ». Le conflit a affecté 1 721 391 personnes dans le nord du pays, limitant leur accès aux infrastructures d’eau ainsi qu’aux services sociaux de base et il a occasionné le déplacement de 409 949 dont 198 558 personnes déplacées internes et 211 391 réfugiés maliens principalement au Burkina Faso, Niger et Mauritanie. A cette déstabilisation de l’ordre socio-politique malien, s’ajoutent une grave crise alimentaire et nutritionnelle qui perdure, ainsi que des urgences soudaines comme les inondations, et une épidémie de choléra dans les régions du pays. La concomitance de ces différents éléments conjoncturels a créé en quelques mois une situation de crise complexe, et multi facette, qui a eu pour conséquence de faire croître de manière exponentielle les besoins humanitaires dans l’ensemble du pays.
Selon la Commission Mouvement de Populations, dont l’OIM est le chef de file, 198 558 personnes se seraient déplacées dans le pays en 2012, exerçant une pression lourde et croissante sur les ressources économiques des ménages qui les auraient accueillies, tout comme sur les structures de santé, d’éducation, les infrastructures d’eau et d’assainissement. Le chiffre présenté par la Commission est l’estimation des mouvements de population la plus représentative actuellement disponible. En conséquence, les capacités de résilience des communautés et familles hôtes ainsi que des systèmes institutionnels ont été mises à mal, rendant nécessaire une action rapide afin d’éviter une forte dégradation généralisée de la situation qui pourrait aboutir à d’autres déclenchements ou tensions.
Les acteurs de la nutrition estiment qu’en 2013, 660 000 enfants de moins de 5 ans souffriront de malnutrition aigüe au Mali, dont 210 000 de malnutrition aiguë sévère (estimation basée sur la SMART 2012, avec application d’un facteur correctif lié à l’accroissement démographique par région). Sans un appui massif des partenaires, les structures de santé existantes ne pourront pas assurer la prise en charge de ces enfants. A la suite de l’enquête du PAM/SAP sur la sécurité alimentaire, conduite entre août et septembre 2012, le Cluster Sécurité alimentaire a conclu que 2 millions de personnes encourent un risque d’insécurité alimentaire et sont à cibler par les partenaires de ce Cluster. Ces chiffres incluent 747,000 personnes ayant un besoin immédiat d’assistance alimentaire au Mali, ainsi que 1.3 millions de personnes à risque d’insécurité alimentaire.
Cette crise alimentaire, sanitaire et nutritionnelle a été aggravée par la détérioration de la situation sécuritaire au nord perturbant l’appui de certains acteurs humanitaires et laissant les populations sans assistance. La réduction des conditions d’accès à l’eau potable et à des structures d’assainissement constitue un risque majeur de propagation d’épidémies et autres maladies vectorielles, et représente un frein structurel à l’amélioration de l’état nutritionnel et sanitaire des populations, particulièrement des enfants.
En tenant compte de la crise politique, sécuritaire, alimentaire et nutritionnelle, des besoins humanitaires croissants, des contraintes d’accès au nord et de la nécessité de renforcer les capacités des acteurs à répondre aux besoins prioritaires, la communauté humanitaire au Mali se fixe d’ici la fin 2013, quatre objectifs stratégiques:
Réduire la mortalité et la morbidité des personnes vulnérables et des communautés affectées par la situation politique, socio-économique, alimentaire, sanitaire et nutritionnelle.
Contribuer à la protection des personnes et des communautés affectées par les crises notamment les personnes déplacées internes, les violences basées sur le Genre, les violations de droits de l’homme, l’enrôlement des enfants dans des groupes armés et contre les restes explosifs de guerre abandonnés et non-explosés.
Contribuer à renforcer les capacités de résilience et les moyens de subsistance des personnes et des communautés affectées par l’insécurité alimentaire, les crises politique, socio-économique et les catastrophes naturelles.
Renforcer et élargir l’espace humanitaire, fournir une assistance impartiale et adéquate en améliorant la préparation des interventions humanitaires et leur coordination.
Pour atteindre ces objectifs, 54 partenaires humanitaires (ONGs et agences des Nations Unies) ont soumis 139 projets qui ont été approuvés pour une valeur totale de $370 434 258 ciblant 3.92 millions de personnes affectées par la crise alimentaire et nutritionnelle dont 1.51 millions de personnes au Nord. Une assistance humanitaire ciblée et efficace au Mali pourrait potentiellement réduire la pression sur les pays voisins.