1. Contexte global : situation humanitaire, sécuritaire et épidémiologique
1.1 Situation humanitaire
Le district sanitaire de Koza couvre les deux arrondissements du département de Mayo Tshanaga, à savoir l’arrondissement de Koza et celui du Mayo Moskota. La population est estimée à 186 948 habitants et le district compte 18 centres de santé (15 fonctionnels et 3 non fonctionnels + un hôpital de district) et 2 CMA (Centre Médical d’Arrondissement). Il borde les monts Mandara sur la frontière avec le Nigeria, il se trouve entre le district sanitaire de Mokolo (ALIMA) au Sud et Kolofata au Nord avec le Nigeria a l’Ouest et les districts sanitaires de Mora (MSF-OCG) et Tokombere à l’Ouest (ACF).
La zone de Koza est l’une des zones – de par sa proximité avec la zone de Kolofata et la frontière du Nigeria (se situant plus au nord de Mokolo) – les plus exposée avec une population quelque peu enclavée (chaine de montagne avant d’arriver à la quasi plaine de Koza) et des besoins humanitaires pressants. Selon les données de l’OIM, le district compte 22 426 d’IDP dont 8513 sur Koza et 5165 sur Mozogo où nous avons constaté un site spontané des IDP qui sont arrivés l’année passée contribuant à l’augmentation des besoins humanitaire dans l’extrême nord (voir les TDR de l’explo pour de subsidiaires informations). La situation sécuritaire dans la zone et la problématique de l’accès font que pour le moment aucun acteur humanitaire n’a de présence effective dans le district et particulièrement dans le secteur de la santé.
1.2 Situation sécuritaire
La situation sécuritaire demeure volatile dans le district de Koza surtout dans l’arrondissement du Mayo Moskota qui compte des centres de santé - présentement fermés pour des raisons d’insécurité - dont le centre de santé de Assigasia où nous avons trouvé l’infirmier responsable à Mozogo et qui reconnait ne plus pouvoir travailler là-bas. La crise Boko Haram a un impact visible dans cette partie de la région de l’extrême nord. En effet certains villages abritent des positions militaires du BIM dans les zones de Nguechewe, Zamga, Assigasia, Gouzadavefer et Zelever. Les comités de vigilance sont actifs dans les villages et collaborent avec les militaires dans le repérage et la dénonciation des éléments inconnus qui pénètrent dans les zones. Les villages beaucoup plus au nord, à la frontière avec le Nigeria, restent les théâtres d’opérations et sont sous contrôle militaire comme nous l’a indiqué le sous-préfet du Mayo Moskota. Un couvre-feu est maintenu avec l’interdiction de circulation pour les motos à partir de 20h. Une source locale a fait mention de l’existence d’un corridor qui partirait de Koza et passe par Mora, le mayo Moskota et Tokombere qui seraient utilisé par Boko Haram pour se cacher, ce corridor est ancien et aurait été utilisé par le passé pour acheminer des esclaves, il fait partie d’un tronçon de route qui finit dans le nord-est du Mali via le Nigeria et le Niger. La majorité de la population est constitué de Mandara et Mafa qui sont aussi les principales langues parlées dans la zone, on y rencontre également des populations de langue foulbé, de Haussa et Kanuri parlés aussi au Nigeria. La population est un mélange de chrétiens (catholique, protestants), musulmans et animistes.
L’axe Mokolo-Koza est montagneux, c’est une distance de 20 km et la durée du trajet est de 45 min, l’axe Koza Mozongo est plus plat, c’est 12 km et la durée est de 25 min. L’axe Mozongo-Kourgui-Mora est plus utilisé par les militaires mais reste ouvert à la circulation publique.
Ci-dessous la liste des derniers incidents répertoriés et infos sécuritaires dans la zone en 2016:
le 30 mars à Mozogo, les gendarmes ont abattu une fille kamikaze porteuse de ceinture d’explosifs.
19 juin, un enfant de 15 ans a reçu une balle dans le pied on l’a trouvé à Mozogo, 3 autres tués.
Découverte de caches de vivres et motos par des éléments du 41ème BIM enterrées à Djibrili/Cameroun.
Intérêt pour Boko Haram à préserver une accalmie dans des coins du Mayo Tshanaga et du Mayo Sava pour sécuriser son réseau d’approvisionnement logistique et un meilleur accès au lac Tchad.
Février 2016, Boko Haram attaque le marché Gabouwa et emporte 70 bœufs repris par les militaires.