LES POINTS MARQUANTS
- La réhabilitation de plus de 2000 mètres de berges du fleuve Niger protège les villages de Sofara et Gnimitongo des inondations
- Le Projet de développement des ressources en eau du bassin du Niger et de gestion durable des écosystèmes finance aussi l’aménagement de rizières, le développement de la pêche artisanale et des fourrages
- Alors que le projet prendra fin le 31 décembre 2014, les pays bénéficiaires (Bénin, Guinée, Mali, Nigeria et Niger) souhaitent son extension afin de compléter les travaux engagés
Au petit matin, bien avant le lever du soleil, Gaoussou Konta, jeune homme originaire de Sofara, village situé à 700 km de Bamako, la capitale, se rend aux abords du fleuve Niger. Si M. Konta vient d’ordinaire ici pour pêcher, ce matin, il surveille l’avancement des travaux de protection des berges du fleuve. Ressource indispensable pour les communautés locales, le fleuve Niger représente également une menace pendant les périodes de crue.
Des ouvriers s’activent à terminer les travaux de construction de digues qui visent à protéger 1560 mètres de berge. Les travaux font partie des améliorations financées par le Projet de développement des ressources en eau du bassin du Niger et de gestion durable des écosystèmes, une initiative de la Banque mondiale dotée de 233,2 millions de dollars et mise en œuvre au Bénin, en Guinée, au Mali, au Nigeria et au Niger.
« Au début, beaucoup de gens étaient sceptiques à Sofara et nous avons dû convaincre les anciens de la pertinence de ce projet. Nous ne nous attendions pas à un tel résultat. Ce que nous voyons aujourd'hui va au-delà de nos espérances. Avant les travaux de protection, nous étions inquiets chaque jour, face à l'avancée des eaux », explique M. Konta.
« Je m'intéresse à l'infrastructure depuis que j'ai vu les premiers progrès réalisés et le paysage qui a commencé à se transformer. Je fais ce travail de gardien bénévolement. Je m’assoie ici très tôt le matin et surveille les équipements toute la journée », indique-t-il.
La crise politique et sécuritaire de 2012 a freiné certains volets du projet prévus dans les régions du Nord du Mali, notamment celui dédié au développement de la pêche artisanale et des fourrages. Sofara, située au centre du Mali, n’a pas été touchée par la crise et les travaux de digues ont pu s’achever, à la grande satisfaction des bénéficiaires qui ne verront plus leurs maisons inondées et leurs biens emportés par l’eau. Pareil à Gnimitongo, un autre village vivant essentiellement de la pêche, de l'élevage et de la riziculture, où 440 mètres de berge sont protégés, permettant aux populations de vivre et travailler en toute sécurité sur leurs terres.
« Aujourd'hui, nous sommes plus sereins. Outre la protection des maisons, nous nous réjouissons de l’aménagement d’une nouvelle route le long du fleuve et d’un nouveau quai, qui nous aideront à débarquer les produits destinés au marché », a ajouté M. Konta.
M. Konta a également des idées pour étendre le projet : « La nuit, nous sommes souvent ici pour prendre l'air. Il pourrait être utile, d'une part, de mettre en place un éclairage public et, d'autre part, d’installer une rambarde sur le rebord de la digue afin d'empêcher les chutes, en particulier pendant les périodes de crue ».
Le jeune homme a assuré que les habitants ne déposeront pas d’ordures ménagères et autres déchets à cet endroit, contrairement à ce qui a pu être constaté avant les travaux. « Celui qui ne respectera pas cette règle commune me trouvera sur son chemin, car je préviendrai les autorités », a-t-il indiqué.
"Aujourd'hui, nous sommes plus sereins. Outre la protection des maisons, nous nous réjouissons de l’aménagement d’une nouvelle route le long du fleuve et d’un nouveau quai, qui nous aideront à débarquer les produits destinés au marché"
Gaoussou Konta
Bénéficiaire du Projet de développement des ressources en eau du bassin du Niger et de gestion durable des écosystèmes
Une amélioration de l’agriculture irriguée pour un meilleur rendement des récoltes
Au-delà de la protection des berges, le projet soutient l’aménagement de rizières au profit des populations de Diambacourou et de plusieurs autres villages. Les terres entourant ces villages sont gorgées d'eau durant une partie de l’année, ce qui permet d’utiliser la submersion contrôlée, une technique consistant à contrôler l’entrée et la sortie de l’eau des parcelles de cultures par un mécanisme de fermeture et d’ouverture de vannes.
« Les 2000 hectares prochainement aménagés à Diambacourou permettront aux populations de récolter chaque année près de 8 000 tonnes de riz paddy, soit un rendement de 4 tonnes par hectare », souligne Emmanuel Nikiema, responsable du projet à la Banque mondiale.
A Tenenkou, l’appui à la production du bourgou, une plante fourragère des zones inondées, a permis d’augmenter la production de poisson. Ce constat a été réalisé dès la première année de développement de la culture quand environ 200 tonnes de poisson ont été pêché dans les 5 sites de régénération du bourgou de la région de Mopti. Outre l’autoconsommation, ce rendement a permis également la commercialisation.
De plus, le bourgou récolté et conservé sous forme de fourrage a permis de nourrir le bétail pendant la saison sèche. « Grâce à ce supplément alimentaire, la production laitière a augmenté d’un facteur de 2,5, assurant la disponibilité de lait frais pour les familles », explique M. Nikiema.
Une extension du projet est souhaitée afin de compléter les travaux
Au Mali, malgré l’achèvement de digues, d’autres aménagements tels que l’irrigation, la pêche artisanale et les fourrages restent à réaliser. En fait, environ 90% des travaux dans chaque pays (Bénin, Guinée, Mali, Nigeria et Niger) restent à faire avant la clôture du projet prévue fin décembre 2014. Les pays bénéficiaires souhaitent donc un report de cette date de clôture. Ces demandes officielles d’extension doivent être transmises à l'Autorité du Bassin du Niger (ABN), qui assure la coordination régionale du projet.
Sept ans après le lancement du projet le 3 juillet 2007, Gaoussou Konta peut témoigner avec fierté des améliorations constatées dans sa ville. Il est parmi les 800,000 bénéficiaires au Mali qui verra, grâce à ce projet, des progrès considérables au niveau local, régional, et national.